Les petites chaufferies biomasse au bois se multiplient dans les zones urbaines, notamment en Île-de-France, sous l’impulsion des politiques de transition énergétique. Pourtant, selon les données publiées par Airparif, ces installations collectives de faible puissance présentent un impact sanitaire préoccupant. L’étude révèle que leurs émissions de particules fines (PM2.5) sont largement supérieures à celles des chaufferies de grande puissance. Ce constat remet en question l’image vertueuse de ces systèmes de chauffage lorsqu’ils ne sont pas suffisamment équipés en dispositifs de filtration. Pour les collectivités et les professionnels, le sujet mérite une attention particulière dans les choix d’équipement.

Petites chaufferies au bois des performances très contrastées

Une pollution élevée liée au manque de filtration et à la combustion

L’étude d’Airparif, menée pour la première fois en conditions réelles et sur la période de chauffe, dresse un bilan alarmant des émissions issues des petites chaufferies biomasse. Ces unités, souvent inférieures à 1 MW en grandeur de puissance, émettent jusqu’à 15 fois plus de particules fines que les chaufferies de grande taille, quelle que soit la nature du combustible utilisé. Deux facteurs majeurs expliquent cette différence : une combustion moins efficace et l’absence quasi systématique de systèmes de filtration adaptés. En effet, contrairement aux grandes installations qui intègrent des dispositifs de dépollution performants, les petites chaufferies fonctionnent souvent sans filtres à particules, ce qui accroît fortement leur impact sur la qualité de l’air. Le recours croissant à ces équipements s’explique par leur coût d’installation réduit et par la volonté de remplacer les énergies fossiles comme le gaz. Cependant, leur efficacité environnementale réelle dépend étroitement de leur configuration technique. Cette pollution, invisible à l’œil nu mais bien réelle, est composée de particules fines et ultrafines, dangereuses pour la santé humaine et responsables de troubles respiratoires, notamment en milieu urbain dense.

Petites chaufferies au bois des alternatives à privilégier

Face à ce constat, plusieurs pistes peuvent être activées pour limiter les nuisances des petites chaufferies au bois. Airparif recommande notamment un meilleur dimensionnement des installations en fonction des besoins réels des bâtiments, afin d’éviter les surpuissances inutiles et les cycles de fonctionnement inefficaces. Le réglage précis de l’excès d’air, la nature du combustible (granulés plutôt que plaquettes forestières), ainsi que l’intégration de filtres à particules, figurent parmi les leviers techniques à privilégier. Par ailleurs, d’autres solutions de chauffage présentent un impact bien moindre sur la qualité de l’air. C’est le cas des réseaux de chaleur alimentés par géothermie ou encore des pompes à chaleur, qui n’émettent aucun polluant atmosphérique direct et réduisent significativement les gaz à effet de serre. Dans un contexte où la santé publique devient un critère de plus en plus central dans l’aménagement urbain, il appartient aux maîtres d’ouvrage, exploitants et collectivités de faire des choix éclairés. L’efficacité énergétique ne doit pas se faire au détriment de la qualité de l’air. Cette étude rappelle que la performance environnementale d’une chaufferie ne se résume pas à son bilan carbone, mais à l’ensemble de ses émissions, qu’elles soient visibles ou non.