Le bâtiment, secteur majeur de consommation d’énergie et d’émission de CO2, fait face à une pression croissante pour accélérer sa transition écologique. Selon le rapport 2025 du Programme des Nations unies pour l’environnement, les progrès réalisés sont réels, mais très insuffisants au regard des objectifs fixés par l’Accord de Paris. Entre normes encore trop peu contraignantes et rythme trop lent de décarbonation, l’ONU appelle les professionnels et les États à intensifier leurs efforts dès maintenant. Le bâtiment représente aujourd’hui un tiers de la consommation énergétique mondiale et un tiers des émissions de gaz à effet de serre. Une transformation profonde du secteur est indispensable pour tenir l’échéance de 2050.

Le secteur du btp doit accélérer sa décarbonation selon l’ONU

Des efforts visibles, mais loin des attentes internationales

Le rapport de l’ONU Environnement souligne quelques avancées notables du secteur du bâtiment : en 2024, les émissions de CO2 ont baissé pour la première fois depuis 2020, et la consommation énergétique a diminué de 10 % depuis 2015. Ces résultats sont en grande partie liés à l’adoption progressive de normes de performance énergétique dans plusieurs pays. Pourtant, ces progrès restent très en dessous de la trajectoire nécessaire. Pour viser la neutralité carbone à horizon 2050, la baisse de consommation énergétique aurait dû atteindre 18,2 % à ce stade. La part des énergies renouvelables, quant à elle, plafonne à 17 % de la consommation du secteur, alors qu’elle devrait s’élever à 35 % d’ici quelques années. Les matériaux comme le ciment et l’acier continuent de peser lourd dans le bilan carbone global, représentant à eux seuls près d’un cinquième des émissions. Le rapport pointe également l’absence de régulation dans de nombreux pays : la moitié des constructions neuves dans le monde ne sont soumises à aucune règle énergétique. Ce contexte freine considérablement la transition, malgré les efforts menés localement dans certains territoires.

La France à l’avant-garde, mais un appel mondial à agir plus vite

Dans ce panorama mondial contrasté, la France tire son épingle du jeu. Le rapport salue l’engagement clair de l’Hexagone, seul pays à disposer d’objectifs obligatoires de décarbonation pour le bâtiment. Selon Olivier Salleron, président de la FFB, la France peut même revendiquer le titre de pays « le plus vertueux au monde » en matière de construction durable. Ce leadership s’illustre notamment à travers la réglementation RE2020, qui impose des standards stricts de performance environnementale pour les bâtiments neufs. À l’échelle internationale, cependant, la situation reste préoccupante. Seuls 19 pays ont élaboré une stratégie concrète, et moins d’un sur cinq affiche des objectifs chiffrés. Face à ce retard global, l’ONU appelle les États du G20 à déployer des politiques zéro carbone dans le bâtiment d’ici 2028, et les autres pays d’ici 2035. Le rapport insiste également sur la nécessité d’augmenter massivement les financements : les investissements annuels mondiaux devront passer de 270 à 522 milliards de dollars d’ici 2030. Ce signal fort adressé aux décideurs comme aux professionnels du secteur souligne l’urgence d’un changement d’échelle, tant en matière de régulation que de soutien à l’innovation technique et à la rénovation énergétique.