Entre Collioure et Port-Vendres, sur la RD 914, le tunnel d’en Raxat fait peau neuve. Construit en 1994, ce tube de 525 mètres ne répondait plus aux normes postérieures à l’accident du tunnel du Mont-Blanc. Pour sécuriser cet axe très fréquenté (jusqu’à 18 000 véhicules/jour en été), le conseil départemental des Pyrénées-Orientales a engagé un chantier discret mais ambitieux.
Objectif : percer une galerie de secours parallèle de 260 mètres et mettre à niveau les équipements de sécurité. Ce projet mobilise une ingénierie de pointe, combinant creusement de haute précision, contraintes géologiques complexes et innovations numériques pour automatiser la surveillance du tunnel.
Tunnel d’en Raxat , un chantier de creusement technique
Une galerie forée sous haute surveillance
Le percement de la galerie de secours a été confié à Soletanche Bachy Tunnels, qui a dû composer avec un massif schisteux imprévisible. Les premières dizaines de mètres ont été réalisés à la pelle mécanique, faute de stabilité suffisante pour les tirs. Puis, dès qu’une roche plus compacte a été atteinte, l’usage d’explosifs a pris le relais, avec pas moins de 80 tirs encadrés par capteurs de vibration. Pour chaque zone instable, l’équipe a ajusté les techniques : brise-roche hydraulique, fraise ou béton projeté renforcé ont été employés pour garantir l’intégrité de la galerie. Sa section étroite (2,30 m de largeur finie) a également imposé l’adaptation des matériels et des méthodes : boulons fractionnés, cintres spécifiques, machines doublées pour tenir les délais.
Grâce à cette organisation millimétrée, la durée du creusement a été réduite de 21 jours, sans compromettre la sécurité. Toutes les opérations ont été planifiées de nuit pour préserver la circulation diurne, avec une pause estivale obligatoire afin de limiter l’impact touristique.
Un tunnel intelligent pour une sécurisation proactive
Au-delà du génie civil, l’innovation se déploie dans les équipements. Piloté par Bouygues Energies & Services, le volet technologique du chantier transforme le tunnel en infrastructure intelligente. Le système d’éclairage a été entièrement renouvelé : 90 luminaires LED basse consommation, pilotés par des capteurs, régulent la luminosité en fonction du trafic et des conditions. Une gestion technique centralisée (GTC) orchestre également l’affichage des panneaux dynamiques, l’activation des barrières et l’alerte automatique en cas d’incident.
Des caméras dopées à l’intelligence artificielle identifient les anomalies en moins de dix secondes, déclenchant la fermeture du tunnel si nécessaire. La phase d’apprentissage de ces dispositifs, prévue pendant l’été 2025, permettra d’affiner leur réactivité en conditions réelles. L’ensemble des équipements provisoires, installés dans des locaux exigus, ont été remplacés progressivement chaque nuit pour garantir, dès 5 h du matin, un niveau de sécurité optimal. Ce chantier, d’un budget de 9 millions d’euros TTC, s’achèvera en février 2026. Il fait aujourd’hui figure de modèle en matière de rénovation tunnel sous contrainte.